Une cartographie des neurones de la douleur

Un article publié dans la prestigieuse revue Science Translational Medicine propose une véritable cartographie des neurones impliqués dans la réponse douloureuse chez l’Homme.

https://www.science.org/doi/10.1126/scitranslmed.abj8186

Les chercheurs de l’Université du Texas (USA) ont réussi à mettre en évidence les chemins neuronaux de la douleur en étudiant le cerveau de 8 donneurs d’organes.

En utilisant la technique de transcriptomique uni-cellulaire, les chercheurs ont pu localiser et caractériser avec précision une famille de neurones, lesnocicepteurs. Les nocicepteurs sont des neurones sensoriels spécialisés dans la détection et la transmission de la douleur.

C’est la première fois qu’une étude de cette ampleur est réalisée sur l’humain. En effet, il existe déjà plusieurs cartographies du système nerveux impliqué dans la douleur chez la souris, mais pour de vrais cerveaux humais, c’est une première.

Qu’apprend-on de cette étude ?

Tout d’abord, que les nocicepteurs ont des fibres qui se propagent dans tout le corps, mais principalement dans les ganglions de la racine dorsale.

Ensuite, les récepteurs de la douleur chez l'homme semblent être adaptés pour répondre à toutes sortes de douleurs, telles que la chaleur ou la douleur mécanique, alors que les récepteurs de la douleur des rongeurs sont plus spécifiques.

Enfin, une différence homme/femme assez forte. En effet, si on retrouve lesmêmes catégories de nocicepteurs chez le sujet masculin et le sujet féminin, ces derniers n’ont pas exactement les mêmes propriétés. Par exemple, le gène qui code pour la protéine CGRP est plus actif dans les neurones des femmes que dans ceux des hommes. Or, "Le CGRP semble être un facteur majeur de migraines et les migraines affectent trois fois plus les femmes que les hommes", déclare Dr. Théodore Price qui a dirigé l’étude à l’Université du Texas.

Conclusion

Cette étude est remarquable a bien des égards. C’est un véritable atlas du cerveau et de la douleur qui a été réalisé et chez des sujets humains, ce qui est une révolution !

L’étude des spécificités anatomiques et génétiques des nocicepteurs va permettre de définir de nouvelles cibles thérapeutiques pour les chercheurs et les labos pharmaceutiques qui s’intéressent au traitement de la douleur chronique.

Et la différence caractérisée entre hommes et femmes permettra sans doute de comprendre pourquoi, parmi les douloureux chroniques, 70% sont des femmes.