Endométriose : un diagnostic par simple test salivaire ?

Un article publié dans la revue Journal of Clinical Medicine propose un test salivaire pour la détection de l’endométriose.

https://www.mdpi.com/2077-0383/11/3/612

Cette étude menée conjointement par plusieurs centres de recherche, CHU français et la startup lyonnaise Ziwig Health, fait beaucoup de bruit. Et pour cause ! L’endométriose, qui est devenue une cause nationale en France, est une maladie chronique qui touche près d’une femme sur dix. Ma propre femme en souffre, c’est dire à quel point je suis sensible au problème.

Vous le savez, et si vous nous lisez c’est que vous êtes peut-être vous-même patiente, l’endométriose provoque des douleurs violentes à l’approche des règles (et pas seulement) et peut causer l’infertilité. Problème : il faut en moyenne 8 ans pour avoir un diagnostic.

D’où l’idée des chercheurs français de trouver ce que l’on appelle des bio-marqueurs de l’endométriose, c’est à dire des indices biologiques concrets et mesurables de la maladie.

En prenant un pool de 200 femmes dont 153 souffraient d’endométriose, les chercheurs ont pu identifier 109 micro-ARN caractéristiques de l’endométriose. Les micro-ARN présents dans la salive sont du matériel génétique non-codant qui servent à inhiber l’expression de certains gènes. On pense qu’ils sont le marqueur de certaines inflammations.

Le projet de test salivaire mis en place par Ziwig permettrait de détecter l’endométriose de façon rapide avec 96% de précision. Cela serait une véritable révolution pour les femmes ayant des symptômes évoquant l’endométriose et qui aimeraient avoir une réponse objective. Ainsi, des jeunes femmes ayant très tôt des règles anormalement douloureuses pourraient être traitées en amont et éviter les complications.

Quelques remarques et limites concernant ce test :

  1. Le coût : ce test repose sur un séquençage à haut débit des brins de micro-ARN. C’est une technique avancée qui coûte plusieurs centaines d’euros par test.
  2. Le pool de données : toutes les données sont extraites de ce pool de 200 personnes. Pour valider la technique, les chercheurs vont devoir passer par un RCT (Randomized Clinical Trial) soit un essai clinique randomisé en double aveugle. On est tous familiers de ces termes depuis le COVID ;-)
  3. Caractère discriminant du test : ces 109 micro-ARN identifiés dans l’article de Journal of Clinical Medicine sont-ils 100% propres à l’endométriose ? Ou est-ce qu’on les retrouve dans la maladie de Crohn, par exemple ? Pour rappel, Crohn est une autre maladie inflammatoire provoquant de vives douleurs dans les régions abdominales et pelviennes.

Conclusion : Super nouvelle et superbe article de nos équipes françaises et beaucoup de perspectives très intéressantes dans le diagnostic rapide de l’endométriose. Mais encore des choses à éclaircir avant que ce type de test soit validé et commercialisé.